Le petit prof
(http://Prodemocratie.fr)

L'action décrite ici n'est applicable que dans un cas très particulier. Mais ce sont les analyses et les conclusions qui sont intéressantes.

Dans un pays lointain, les professeurs étaient assez mécontents car leur salaire était fixe et ne suivait pas l'inflation. Un jour où le pain avait encore augmenté, ce petit monde s'est réuni avec leur représentant pour décider ensemble ce qu'ils allaient faire pour profiter aussi des richesses du pays.

Le représentant était secrétaire d'un syndicat et avait été élu démocratiquement par le bureau du syndicat. Ce bureau quand à lui avait été choisi, librement, membre par membre, par le représentant.

"Tous en grève, tous en grève, ouais!" avait été prononcé à maintes reprises. Tous savaient que dix jours d'arrêt des cours obligerait le roi à leur accorder les 2% d'augmentation qu'ils voulaient. Mais ils ne savaient pas que les caisses du royaume étaient vides et que le roi devait différer d'une année cette ajustement. Il lui aurait fallu emprunter à une puissance étrangère!

Les professeurs n'avaient pas envie de se mettre en grève pour ne pas perdre des heures dont les élèves avaient tant besoin. Il y eu des discussions. A la question "Y a-t-il d'autres propositions?", un petit professeur avait émis l'idée suivante: au lieu de se mettre en grève et de perdre des journées de salaire, il proposait que tous s'inscrivent à l'agreg de couture ou de repassage, suivant qu'ils aient déjà un des deux diplômes. Comme les deux épreuves se passait en même temps, il n'y aurait plus d'enseignants dans les écoles. Ce serait, disait-il, comme une grève, mais en étant rémunéré normalement. Comme pour passer un concours, ils étaient en droit de demander un congé de 24h fractionnable, qu'ils avaient qu 18h de présence élève, avec les deux jours d'épreuves, tout ce petit monde serait absent pendant 10 jours... aux frais du royaume. Il fit aussi remarquer que ce serait une belle pagaille car il n'y aurait pas suffisamment de surveillants pour contrôler les épreuves. De plus entre l'inscription et le concours se passait du temps pour que le roi puisse éventuellement réfléchir et prendre la mesure tant attendue. L'arrêt ne serait peut être même pas nécessaire, tout le monde y gagnerai.

Il y eu un silence, puis un débat assez court. Il est vrai que les grèves n'avaient pas servi à grand chose par le passé, mais que l'on savait bien les organiser. Quand à sa proposition, on allait au devant d'un inconnu car cela n'avait jamais été essayé (sauf par le petit professeur qui usait de cette combine depuis plusieurs années). Cela différerait le début de la grève, le concours n'avait lieu qu'un mois plus tard, et en plus on ne pourrait pas dépasser les dix jours. Et puis, même si une grève risquait de ne servir à rien, on savait bien l'organiser! Et surtout, cela ne semblait pas très sérieux, et comme on ne l'avait jamais fait cela n'avait jamais donné de résultats. Il a donc été admis de faire une grève.

Tous les professeurs se sont alors mis en grève et cela a duré dix jours, et pour une fois, cela a finalement abouti. Il y a eu revalorisation immédiate des salaires de 2%. Les professeurs se seraient d'ailleurs contenté que de 1,5%, mais cette décision a permis d'arrêter immédiatement la contestation.

Prenez un temps maintenant pour réfléchir à ce qui vient de se passer. Analysez les pour, les contre... Posez vous aussi la question si le roi a bien fait ou non d'augmenter la dette de son royaume, en empruntant de l'argent à des usuriers...

Tout le monde était content... Surtout le gouvernement. Pas seulement parce qu'après le mot "2%", il y a eu le complément "en deux fois", mais parce qu'il a fait le même calcul que moi: en faisant grève les professeurs ont perdu dix jours de salaire, soit environ 2,7% d'un salaire annuel. En les augmentant de 2% cela n'a même pas compensé la perte qu'ils ont eu. Il y a donc eu plus d'argent dans la caisse que si il ne s'était rien passé. Et en plus les enseignants étaient content d'avoir perdu!

Je vous laisse maître de tirer la conclusion.

Vous avez compris que dans ce pays imaginaire, les serpents se mordent la queue et que les hommes marchaient sur la tête. Heureusement chez nous cela ne se passe pas ainsi, enfin presque pas ainsi... Bon je l'avoue, c'est similaire.

En fait, c'est un peu l'objet de ce site tout entier, vous donner d'autres pistes qui devraient fonctionner... si on les appliquent, et si on ne s'acharne pas à refaire les erreurs du passé. A mi-mots, je désigne les manifestations en France, mais aussi à l'étranger... et n'ont pas prouvé leur efficacité. Il serait peut-être temps d'essayer aussi autre chose.

Je n'ai pas inventé cette histoire, je me suis inspiré de ce que m'a demandé de faire un vrai inspecteur de l'éducation nationale. Ceci pour dire qu'il ne faut pas chercher très loin des idées, certaines ont déjà été émises, d'autres sont insufflées y compris par la partie adverse. L'utilisation des gilets jaunes en est un exemple.